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L'évolution du XIVe au XVIe siècle

Le gothique du XIVe siècle est dit rayonnant sans que rien de précis ne vienne justifier cette appellation. Il est certes un peu plus travaillé dans les aspects décoratifs mais de manière générale, l'évolution est faible autant que le nombre de constructions. Il y a d'ailleurs davantage de restaurations. Les plus grandes constructions du siècle sont à voir à Rouen avec l'Eglise de Saint-Ouen, à Clermont-Ferrand avec la nef de la cathédrale ou encore la cathédrale de Strasbourg.

Il est vrai que le XIVe siècle est un siècle de misère. Il ne favorise pas les grandes constructions coûteuses. Entre la peste noire qui décime le tiers de la population européenne et la guerre de cent ans qui monopolise les financements et installe l'insécurité, le gothique perd nettement de son souffle.

Il y a cependant quelques innovations importantes : les piliers ne sont plus qu'un ensemble de colonnettes qui reproduisent les arcs des voûtes qui viennent se prolongent en elles. Les murs ont tendance à gagner en ouverture avec des fenêtres plus hautes, ce qui réduit l'espace réservé à la galerie de circulation autour de la cathédrale (triforium).

La véritable évolution a lieu au XVe siècle avec un nouveau style de l'art gothique particulièrement reconnaissable : le gothique flamboyant. Le gothique dit flamboyant répond à une exigence de progrès, il tente de trouver une nouvelle expression pour ne pas sombrer faute de n'avoir pas su s'adapter. Les fioritures architecturales sont omni-présentes dans la façade, les voûtes et ses clefs (photo de gauche). Les fenêtres ont souvent, dans leur partie supérieure, des nervures ondulées en formes de petites flammes, d'où le nom de flamboyant pour dénommer ce style du XVe siècle. Quant au piliers, ils n'ont plus de chapiteaux et les arcs des voûtes viennent pénétrer directement dans les colonnes. Autre aspect typiquement flamboyant, l'arc en accolade (à droite) qui surplombe une lucarne ou une porte d'entrée et qui accentue l'esthétisme général de l'édifice (photo de droite). Rouen avec son hôtel de ville ou Bordeaux avec l'Eglise Saint-Eloi marquent le point d'orgue de ce gothique flamboyant qui use de la décoration plus que de l'aspect technique, déjà bien travaillé antérieurement.

Au XVIesiècle, l'arrivée timide d'une influence italienne laisse au gothique encore quelques décennies d'existence d'autant que les architectes et les évêques sont attachés à ce style séculier qui a montré sa valeur. Mais face au changement, à la grâce de l'architecture Renaissance qui fait de l'Antiquité la principale inspiration, l'art gothique perd sa domination acquise il y a plus de quatre siècles et jusque là jamais contestée. Il est vrai que l'architecture gothique évolue pour s'adapter aux nouvelles exigences, les piliers adoptent une forme massive et ondulée, les fioritures du gothique flamboyant s'amplifient. Malgré quelques constructions gothiques comme l'église de Gisors à gauche, rien ne peut empêcher la nouvelle déferlante italienne. Ainsi vers 1530 c'est à l'art Renaissance que beaucoup d'architectes, d'évêques ou d'humanistes, répondent tout en laissant au gothique un mépris dédaigneux le qualifiant d'art barbare, d'un art à l'image de la société médiévale que l'on dénigre au regard de la grâce et des valeurs de cette Antiquité redécouverte. C'est d'ailleurs Raphaël qui le premier employa le mot de gothique pour caractériser ce que l'Europe avait subi pendant ce brumeux moyen-âge que l'on remet en cause. Plus tard, on a même cru que cet art venait d'un peuple barbare, les Goths.